Des auteurs et des autres


Êtes-vous favorable, dans l’esprit, à la reprise des séries après le décès de leur auteur ? N’est-ce pas nier le talent individuel d’un auteur que de croire que d’autres peuvent continuer leur œuvre ?

(…) Lorsqu’un auteur créé des personnages, installe un univers, décide d’y placer des adjuvants et des opposants récurrents, ainsi bien sûr que des enjeux qui auront en commun ce qui symbolisera l’univers précité, il donne à son oeuvre, inconsciemment peut-être, toutes les chances de lui survivre.

En effet les codes ayant été parfaitement énoncés sont donc suffisamment lisibles pour qu’un autre, un jour, puisse se les appréhender et la continuer. (…) Je ne crois pas qu’une reprise d’une série préexistante soit la négation du talent de l’auteur d’origine. Au contraire même, elle peut être vécue par les lecteurs comme un hommage. La seule négation qui tendrait à me faire peur est celle de l’auteur qui vient après, l’auteur «bis».

Certains éditeurs, comme Claude de Saint Vincent, estiment que les personnages de BD sont plus forts que leurs créateurs. Qu’en pensez-vous ?

Je pense que cette assertion n’a pas grand sens. Comment peut-on comparer un personnage de papier à celui qui lui a donné vie ? Dit-on que les marionnettes prennent le pouvoir sur le marionnettiste ?

En réalité vous posez là, d’une autre façon, la même question que la précédente. Qui restera le plus longtemps dans nos mémoires de Flaubert ou de Madame Bovary ? Ils sont égaux, mais il est impossible de les mettre sur le même plan. L’un a créé l’autre. L’autre a rendu l’un immortel.

Est-ce difficile de voir d’autres auteurs s’emparer et, par nature, modifier l’univers créé par votre père ?

(…) Le fait de modifier l’œuvre d’origine, c’est inhérent au principe même de l’adaptation. La limite étant la dénaturation.

Que pensez-vous des auteurs qui décident de leur vivant que leur œuvre mourra avec eux ? En l’espèce, que pensez-vous de la volonté exprimée par Albert Uderzo qu’Astérix ne lui survive pas? Avez-vous votre mot à dire dans cette décision ?

En ce qui concerne Astérix, je suis certaine que personne mieux qu’Albert Uderzo n’aurait pu reprendre la plume de mon père. Quand Albert Uderzo écrit un nouvel Astérix, il ne me soumet ni le scénario, ni le synopsis, ni même l’argument. Je ne juge pas cette façon de ne pas solliciter mon avis (encore moins mon accord!). Je n’ai aucune raison d’intervenir.

Cependant [la volonté exprimée par Albert qu’Astérix ne lui survive pas] me surprend et m’attriste car elle prouve qu’il n’a manifestement pas suffisamment confiance en ses héritiers pour que soit après lui respectée l’esprit de son œuvre. Astérix est toute sa vie et je peux entendre qu’il mette tout en œuvre pour le protéger. Mais à l’origine de l’aventure qui nous occupe aujourd’hui, ils étaient deux.

La déclaration d’Albert Uderzo n’engage que lui. Mon père ne s’est jamais exprimé sur ce sujet. Je suis dépositaire du droit moral de mon père, à ce titre il eut été juste de me demander si je pensais qu’Astérix avait droit à une seconde vie. Je ne me permettrai jamais de prendre la parole pour mon père. Jamais non plus, je ne le ferai penser, rire ou sourire. Mais ne pas solliciter mon opinion à ce sujet est une forme de négation de l’auteur mort de la part de l’auteur survivant.

Peut-on dire qu’une œuvre est mortelle ? Si oui, c’est qu’elle ne méritait pas de survivre à son créateur.

De toute façon, Astérix lui survivra, comme Tintin a survécu à Hergé, comme Gaston Lagaffe a survécu à Franquin. Les personnages de papier ne meurent pas. Constat inaudible pour les humains que nous sommes!


Gracias a El Blog de Astérix el Galo, donde se comentaba la entrevista

4 comentarios

Anónimo dijo...

Aquí un intento de traducción:

¿Estás de acuerdo con retomar una serie después de la muerte de su autor? ¿Creer que otros pueden continuar no es negar el talento individual?

(…) Cuando un autor crea unos personajes, instala un universo, decide colocar unos adyuvantes y unos antagonistas al personaje principal, así como todo aquello que tendrán en común caracterizando dicho universo, le da a su obra, tal vez inconscientemente, todas las oportunidades de sobrevivirle.

En efecto, los códigos, estando adecuadamente enunciados, son suficientemente legibles para que otro, un día, pueda aprenderlos y continuar. (…) No creo que retomar una serie preexistente sea la negación del talento del autor original. Al contrario, puede ser vivida por los lectores como un homenaje. La única negación que me da miedo es la del autor que viene después, el autor “bis”.

Ciertos editores, como Claude de Saint Vincent, consideran que los personajes de cómic son más fuertes que sus creadores. ¿Qué piensas?

Pienso que esa afirmación no tiene mucho sentido. ¿Cómo se puede comparar un personaje de papel a aquel que le da vida? ¿Acaso los títeres toman el poder sobre los titiriteros?

Mirémoslo de otra manera. ¿Quién quedará por más tiempo en nuestra memoria, Flaubert o Madame Bovary? Ambos son iguales, aunque es imposible ponerlos en el mismo plano. El uno ha creado al otro y el otro ha hecho inmortal al primero.

¿Resulta difícil ver cómo otros autores se ocupan y, por tanto, modifican el universo creado por vuestro padre?

(…) El hecho de modificar la obra de origen es inherente al principio mismo de la adaptación. El límite está en la desnaturalización.

¿Qué piensas de los autores que deciden en vida de que su obra muera con ellos? Y en relación con ello, ¿qué piensas de la voluntad expresada por Albert Uderzo de que Astérix no le sobreviva? ¿Tienes algo que decir acerca de esta decisión?

En lo que concierne a Astérix, estoy convencida de que nadie mejor que Albert Uderzo hubiera continuado la pluma de mi padre. Cuando Albert Uderzo escribe un nuevo Astérix, ni me consulta la idea inicial, ni la sinopsis, ni el propio argumento. No juzgo este modo de hacer sin solicitar mi consejo (¡menos aún, mi consentimiento!). No tengo ninguna razón para intervenir en el proceso creativo.

Sin embargo, [la voluntad expresada por Albert Uderzo de que Astérix no le sobreviva] me sorprende y me entristece, pues prueba que no tiene suficiente confianza en sus herederos para que sea respetado el espíritu de su obra una vez que ya no esté. Astérix es toda su vida y puedo comprender que ponga todo su empeño en protegerlo. Pero en el origen de la aventura que nos ocupa había dos personas.

La declaración de Albert Uderzo sólo le concierne a él. Mi padre nunca expresó su opinión sobre este tema. Yo soy depositaria del derecho moral de mi padre; en este papel, hubiera sido justo que se me preguntara qué pensaba acerca de que Astérix tuviera una segunda vida. Nunca me permitiría tomar la palabra por mi padre. Nunca tampoco pensaré, reiré o sonreiré por él. Pero no pedir mi opinión sobre este tema es una forma de negación del coautor muerto por parte del coautor vivo.

¿Se puede decir que una obra es mortal? Si la respuesta es sí, es que ésta no merecía sobrevivir a su creador.

De todas maneras, Astérix le sobrevivirá, como Tintin sobrevivió a Hergé y Tomás el Gafe sobrevivió a Franquin. Los personajes de papel no mueren. ¡Constatación inaudible para los humanos que somos!

Anónimo dijo...

Al final, Astérix SÍ que sobrevivirá a Uderzo.

http://blogasterixgalo.blogspot.com/2009/01/astrix-sobrevive-uderzo.html

01/2009

Anónimo dijo...

Después de tanto tiempo, despojan a Uderzo de los derechos de cocreción de Astérix. ¡¡¡¡¡!!!!!

http://www.elpais.com/articulo/cultura/fisco/frances/pide/203000/euros/Uderzo/le/considera/autor/Asterix/elpepucul/20110119elpepucul_3/Tes

aningunsitioperoquesealejos dijo...

Asterix cambia de manos, pasará a ser guionizado por Jean-Yves Ferri y dibujado por Uderzo y Frédéric Mebarki.